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Périple au Moyen-Orient

Périple au Moyen-Orient
  • Tant de fois rêvé, mon voyage au Moyen-Orient devient une réalité. Je pars avec l'envie de comprendre un peu mieux ces terres sacrées, disputées, admirées. De me plonger dans l'Histoire, celle du début de la civilisation comme celle qui s'écrit maintenant.
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10 novembre 2008

Départ

Les dernières heures d'un voyage sont toujours les plus pénibles. Pas tout à fait ici, pas encore ailleurs. Mon esprit est dans un no woman's land. Peut-être est-il déjà dans les nuages, en zone internationale?

J'en veux toujours aux pays et aux villes que je quitte de ne pas m'avoir révélé leurs secrets, je les boude de me laisser presque aussi ignorante qu'à mon arrivée.

C'est particulièrement vrai à Amman, que je n'ai pas eu le temps d'apprivoiser. J'ai beaucoup de temps à tuer. Je dois être à l'aéroport à 23 heures. Il est 17 heures au moment d'écrire ces lignes. J'ai visité le hamman, le musée d'archéologie, la citadelle, le souk, une maison d'art contemporain, acheté mes souvenirs... Je suis aussi allée flâner à la terrasse d'un café situé dans une librairie (concept idéal). Bref, j'ai fait tout ce dont j'avais envie, et je ne vois pas comment je vais passer les 6 prochaines heures, d'autant plus que je suis sans abri (ok, j'ai laissé mes bagages à l'hôtel). A faire un blogbilan, peut-être!

LES FRONTIERES

Je n'ai jamais autant pris conscience des frontières, visibles ou invisibles, que durant ce voyage. Voir les pays voisins, et Israël, surtout, est un sport favori ici. D'abord à Quneitra, en Syrie: "Le vert, là-bas, c'est Israël". Ensuite à Naqoura, au Liban: "Tu vois là-bas? C'est Israël." Et en Jordanie. Au mont Nebo: " C'est Jericho là-bas". A la mer morte: " de l'autre côté, c'est Israël".

En Israël, les frontières sont différentes. Frontières invisibles entre l'est et l'ouest de Jérusalem, entre la Cisjordanie et Israël, entre les gens. Tout de même, dans le Golan, on m'a indiqué: " tu vois là-bas? C'est Quneitra, en Syrie".

Et tout ces gens pensent que c'est la seule perspective que j'aurai jamais, aucun ne sait que j'ai tenté de saisir les frontières sous tous leurs angles...

PAIX

Impossible de faire ce voyage sans aborder la question de la paix au Moyen-Orient. Est-elle possible?

Les jeunes rencontrés au kibboutz sont persuadés que non. "Pas de notre vivant, en tous cas", répond le plus jeune du groupe, âgé de 17 ans. " Peut-être une paix froide, avance un autre, comme avec la Jordanie et l'Egypte. Mais c'est trop facile pour les terroristes de venir jusqu'à nous..."

Un chauffeur de taxi juif a réfléchi un moment à ma question avant de me répondre: " tu vois la voiture devant? C'est comme si deux personnes disaient: c'est ma voiture. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On coupe la voiture en deux? Et après? Ce n'est juste pas possible."

Pourtant, de l'intérieur, je n'ai pas senti d'hostilité entre les juifs et les arabes musulmans. Dans l'autobus de Tiberias vers Jérusalem, par exemple, il y avait les soldats en arme, les filles voilées, des musulmans et des juifs. On ne sentait pas de tension. A Jerusalem, encore, le chauffeur de taxi juif s'est mis en quête d'un chauffeur de taxi arabe (tu t'en vas à Amman? Avec un taxi arabe sûrement? Je vais trouver un Arabe pour lui demander c'est où...). Il a donc abordé au moins 4 personnes - toujours en arabe, les Israéliens l'apprennent au primaire. Ponctuant ses phrases de "habibi" (mon cher).

Il est vrai par contre que je n'ai pas vu les Territoires et le mur...

AU JOUR LE JOUR

Au Liban, un de mes amis m'a expliqué que les Libanais ne prévoient jamais rien à l'avance. " Pas plus d'une semaine." Pourquoi? " Parce que, demain, ça peut être la guerre."

Parce que, pendant des années, les Libanais ont vécu au jour le jour, sans savoir de quoi serait fait demain. Les cicatrices laissées par des années de guerre et de déchirures sont profondes.

Alors, à la question: la paix est-elle possible? ceux à qui j'ai demandé ont été incapables de répondre. Cela demande une vision du futur à trop longue échéance...

SOLITUDE ET MENSONGES

"Tu voyages seule?" Comment de fois ai-je entendu cette question, de Montréal à Amman!

La réponse a beaucoup varié. C'est si difficile pour les gens de comprendre que je voyage seule (sans être une espionne ou je ne sais quoi), que j'ai pris l'habitude, à certains endroits, de répondre: " non, mes amis voulaient aller au musée, je me promène en les attendant". La fois où j'ai le plus menti, c'est durant la traversée Beyrouth-Amman, à un Jordanien catholique (les catholiques demandent toujours: êtes-vous catholique?, alors que les autres se disent seulement chrétiens. Mais tout le monde demande toujours la religion de son interlocuteur, peu importe le pays. Ca fait partie du problème...). Il a vu mon alliance (que j'avais pris soin de remettre en quittant Beyrouth) et m'a posé des questions. Quand on ment à la première question, c'est difficile d'esquiver les autres.

Ainsi, je suis mariée depuis un an, mon mari est parti à Amman une journée avant moi parce qu'il y fait du business. Je ne pouvais pas l'accompagner, j'avais un brunch dominical dans la famille d'une cousine mariée à un Libanais. S'il est beau? Oui, bien sûr! (et je dois rougir en répondant, en plus...) Non, pas d'enfant, mais on espère en avoir bientôt. Pas de maison encore, le marché de l'immobilier étant ce qu'il est. Ce que je fais dans la vie? Je travaille dans l'édition, la correction, la littérature, vous voyez?

En sortant de la voiture, il m'a fait une prédiction, sur le ton d'un oracle. Mon mari et moi auront deux enfants. Un garçon et une fille.

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Je n'ai jamais ressenti de solitude, le fait de voyager seule ne m'a pas empêcher de faire quoi que ce soit. Cela n'a jamais été un obstacle ou un danger.

Peut-être parce que, au fond, on n'est jamais vraiment seul.

En Syrie, j'ai voyagé avec une Française. Ensuite, quand je me suis retrouvée seule, j'ai visité Maalula avec trois Indonésiens (l'un d'eux m'a pratiquement sauvé la vie. C'est à ce moment que je me suis juré de ne plus grimper dans des endroits d'où je ne peux pas redescendre toute seule). A Beyrouth, j'ai rencontré tout un groupe d'amis. En Jordanie, j'ai fait le voyage Amman-Petra avec trois Français, ce qui m'a permis de manger avec eux les deux soirs où j'y étais. En Israël, j'ai rencontré une Américano-Israélienne, une Franco-Israélienne et des kibboutzniks.

J'ai demandé mon chemin à d'innombrabres personnes, j'ai fait confiance à de purs étrangers qui m'ont toujours aidée.

Je n'ai aucun regret d'être partie seule. Au contraire!

--

Merci d'avoir lu mes posts-fleuves. A mon arrivée, j'essaierai de nouveau de poster des photos.

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9 novembre 2008

De retour en Jordanie

Je me suis réveillée tôt ce matin. Pas parce que j'étais impatiente de me rendre en Jordanie (au contraire), mais plutôt parce qu'il y avait des fourmis dans mon lit. Pas seulement sur le bureau et dans la douche. Dans le lit aussi... Je n'ai pas payé la chambre (et je n'ai même pas eu à le demander).

Je me suis donc rendue assez tôt à la frontière, très rapide à traverser de ce côté-là (zéro question en fait. Pas de formulaire à remplir. Rien du tout).

En fait, si, je me suis fait poser une question, mais c'était à un poste israélien, un peu avant la frontière. Le soldat s'est penché à la fenêtre et m'a demandé: Do you have any weapons?, d'un ton un peu nonchalant. J'ai bredouillé: what? (je n'étais pas certaine d'avoir bien compris). Are you carrying any weapons with you? NO!!

J'ai pris un taxi de la frontière à mon hôtel avec un Italien. Ah, les Italiens! Tous ceux que j'ai rencontrés sont si galants et courtois, ils entretiennent le mythe de l'homme italien. Manuel a donc transporté mes bagages jusqu'à mon hôtel. Arrivée devant l'hôtel, je l'ai remercié, en lui disant que je me débrouillerais pour faire le chemin qui restait. ''No, please, let me finish what I've started!' Je n'allais quand même pas l'insulter (et me briser le dos) en refusant...

Je suis donc arrivée très tôt à Amman. Je n'avais rien de prévu pour aujourd'hui. Qu'est-ce qu'on fait à Amman? On va au hamman. En tous cas, moi, c'est ce que j'ai fait.

Et c'est vraiment le plus beau hamman que j'ai eu l'occasion de voir. J'ai fait peau neuve avant mon retour! Je pensais y retourner demain, mais c'est peut-être exagéré.

J'étais contente, en rentrant à Amman, de retrouver tant de choses qui me sont familières. La façon de traverser les rues, par exemple. En Israël, tous les piétons respectent sagement la signalisation. Et les bus partent à l'heure. Quand je suis partie de Petra, l'homme de l'hôtel me l'avait dit, un peu sceptique devant ce concept étrange...

9 novembre 2008

Ah ben ga don'

J'ai oublié de vous parler de la dame du dépanneur de la station de bus de Tiberias. Elle m'a demandé d'où je venais. Quand je lui ai dit Montréal, elle a répondu: «Moé si! Ah ben ga don' si l'monde est p'tit!» (elle n'a pas ajouté «toé-chose», mais elle aurait bien pu). Je ne m'ennuyais pas du tout de cette expression. Elle a dû trouver mon accent bizarre, parce que tout le monde trouve mon accent bizarre, peu importe la langue dans laquelle je m'exprime. Comme par osmose, je m'imprègne toujours des accents et des expressions des gens à qui je parle, au point où j'ai parfois l'air de me moquer d'eux. Ce n'est pas intentionnel. Le journaliste franco-israélien qui m'a accompagnée dans le Golan m'a demandé: au fait, comment se fait-il que tu n'aies pas l'accent québécois? Quand je lui ai expliqué que mon accent était façonné depuis 1 mois et demi par tous les gens que j'ai rencontrés, il n'a pas compris. Ben coudon'...
8 novembre 2008

Dernier post d'Israël

Après mon voyage dans le Golan et mon retour à la plage de Tel-Aviv, j'ai eu l'occasion de me rendre dans un kibboutz, où j'ai dormi une nuit. Qu'est-ce qu'un kibboutz? Une sorte de village israélien, basé sur l'esprit communautaire, où les gens vivent surtout de l'agriculture. Autrefois, les habitants du kibboutz mangeaient ensemble dans une grande salle communautaire et partageaient tous leurs biens, ne possédant pas même un compte en banque personnel. Dans certains kibboutzim, les enfants étaient élevés tous ensemble, et les parents ne les voyaient que quelques heures par jour. Tout cela a bien changé. Il reste une entraide certaine, mais les gens vivent plus individuellement. N'empêche, je n'allais pas rater pareille opportunité de découvrir un mode de vie si différent, qui a compté pour beaucoup dans l'histoire du pays. J'ai donc pris le bus vers Tiberias vendredi matin (c'est dans ce coin-là que Jésus a marché sur l'eau, selon la légende). Le shabbat débute le vendredi après-midi, et il y avait beaucoup de gens dans le bus, beaucoup de militaires en permission, aussi. Le service militaire est obligatoire en Israël, 3 ans pour les garçons, 2 ans pour les filles. La première chose qui m'a frappée, en arrivant en Israël, a été de voir que les militaires transportent leur arme automatique bien en évidence (difficile à cacher, je ne connais pas le type, mais c'est de la même grosseur qu'une kalachnikov) dans les endroits publics. Certains ne portent pas l'uniforme. Disons que j'ai été très surprise la première fois que j'ai vu un homme habillé en civil avec une arme qui pendait à ses côtés dans un magasin. Justement, le jeune homme qui m'héberge, Oz, arrive à côté de moi avec son arme à l'épaule. C'est un militaire de 19 ans (et demi, tient-il à préciser) en permission. Quand aurais-je eu l'occasion de discuter avec un soldat israélien de 19 ans qui a grandi dans un kibboutz? Jamais, si ce n'avait été de mon amie israélienne rencontrée sur l'internet, qui a fait des pieds et des mains pour me trouver un hébergement au kibboutz de son copain (Oz est son frère). Sa mère nous attend un peu plus loin et nous amène au kibboutz, situé sur le bord de la mer de Galilée. Magnifique. En entrant, il y a une barrière, pour préserver la tranquillité et la sécurité des quelque 700 kibboutzniks. À gauche, une bananeraie. Les maisons sont plutôt petites, la plupart du temps, d'un seul étage. Les allées sont étroites entre chaque bâtiment. Il y a beaucoup d'arbres, énormément d'oiseaux, des chiens et des chats en liberté. Je n'ai jamais vu des chiens avec l'air si heureux. Vraiment, on dirait qu'ils sourient de bonheur. La maman d'Oz nous avait préparé des schnitzels (poulet pané) et des pâtes. J'ai visité le kibboutz, flatté les petits veaux (pourquoi est-ce que je m'arrange toujours pour répondre oui à la question: avez-vous visité une ferme dans les 14 derniers jours?), vu le centre communautaire, le pub, le cimetière. Disons qu'on fait vite le tour! Ils ont aussi un musée, quelque chose qui concerne Jésus et son bateau. Les groupes de touristes arrivent en bateau avec de la musique à tue-tête (du genre, l'hymne national américain), un drapeau de leur pays, et débarquent en chantant, en criant ou en faisant du bruit comme ils peuvent, sans autre but, selon moi, que de faire du bruit pour prouver qu'ils existent. Des pancartes ont été posées pour les empêcher de rentrer dans la partie résidentielle du kibboutz. Moi aussi, j'aurais peur de tous ces pèlerins exaltés. J'ai beaucoup discuté avec Oz et ses amis (tous très jeunes!). Plus tard, on est allé au pub d'un autre kibboutz (apparemment plus cool) boire de la bière israélienne. Aujourd'hui, je me suis promenée sur le bord de la mer, et j'ai lu un livre de circonstance: l'autobiographie d'Amos Oz, un célèbre écrivain israélien, qui a vécu dans un kibboutz. ---- Mon hôtel de Tel-Aviv était correct, mais sans plus. J'y ai passé 3 ou 4 nuits. Bien situé, avec des draps rouges (je trouve que c'est une excellente idée d'avoir des draps de couleur, ça empêche de voir s'ils ne sont pas impeccables), à l'ambiance un peu bohème. Vendredi matin, j'ai décidé de prendre mon déjeuner au bar, à côté de la pièce commune, comme d'autres gens, pour regarder la télévision (toujours à Fox News). Qu'est-ce que j'ai vu passer, à toute vitesse, sous le comptoir? Un joli petit mammifère noir, au pelage lustré, au corps élancé et fin, presque gracieux. Pas du tout comme les rats dans les films. Mais un rat tout de même. --- C'est ma dernière nuit en Israël. Je suis de retour à Jérusalem. J'écris sur le balcon de la réception, parce qu'il y a plusieurs fourmis sur le bureau de ma chambre et que l'ampoule est brûlée. Demain, je serai de retour dans mon hôtel miteux d'Amman. Disons que, si je n'ai pas hâte d'être de retour parce que mon voyage a passé trop vite, j'ai hâte de ne plus me soucier de l'endroit où je vais dormir.
5 novembre 2008

Obama

Je me suis levée ce matin avant Jérusalem. Sur la pointe des pieds, à 5h30. Mais la télévision dans ma chambre ne fonctionnait pas. J'ai donc couru jusqu'à la salle à manger mal éclairée. Il n'y avait personne, pas même à la réception. J'ai ouvert la télévision, me suis pris un café. La télévision avait été fermée sur Fox News. OBAMA ELECTED PRESIDENT Les présentateurs avaient une mine d'enterrement. J'ai applaudi spontanément, seule dans la pénombre. J'ai repris un minibus vers Tel-Aviv. Là-bas, un journaliste franco-israélien m'attendait. On est parti pour le Golan, le premier stop étant à 3 heures de route. Jolis paysages. Énormément de soldats. On s'est rendu jusque dans un village druze au nord. À droite, la frontière syrienne, et... Quneitra, vue de l'autre côté. J'aurai traversé et retraversé les mêmes frontières, vu et revu les mêmes capitales et observé les mêmes villes sous plusieurs angles. Sans la satisfaction d'être parvenue à comprendre. Je suis encore à Tel-Aviv en ce moment. Je vais peut-être y passer le reste de mon séjour. C'est une belle ville, pleine de soleil. Aussi bien en profiter!! Hier, je me suis rendue au Israel Museum avec ma nouvelle amie israélienne. Un work-in-progress (je crois qu'il sera terminé en 2010). Enfin, assez intéressant, avec tout un volet sur l'histoire du pays (si jeune). On y voit des croquis de ce qui aurait pu devenir le drapeau d'Israël ou le symbole de la ville de Jérusalem. Une des choses que j'aime de mon nouveau hôtel à Jérusalem (je suis maintenant dans la ville nouvelle), c'est que je suis à 2 minutes de marche d'un arrêt d'autobus, où passent environ 10 autobus. Je me suis donc rendue au musée en bus. Je comptais revenir de la même façon (c'est à une vingtaine de minutes de marche, mais c'était le soir, le musée est situé dans un immense parc et je me suis perdue les premiers jours en le cherchant). Je m'installe donc sur un banc. Et j'attends. Une fille (qui s'adonne être une Française immigrée en Israël depuis plusieurs années) passe et me demande si j'attends depuis longtemps. Selon elle, le bus 17 passe aux heures... Heureusement pour moi, elle s'en va dans ma direction. On marche donc ensemble. Elle me montre un raccourci, notamment en prenant l'ascenseur jusqu'au 7e étage d'un immeuble plutôt que de monter une côte (pratique!). Elle m'explique aussi les différentes parties de la ville que nous traversons. Bref, une grande constatation de mon voyage, sur laquelle je compte bien revenir: les gens sont toujours prêts à aider, peu importe le pays. Et on n'est jamais complètement seuls. Une personne apparaît toujours au bon moment, comme envoyée par un quelconque ange gardien. Réponse à un collègue de la rue Saint-Jacques: Merci pour ton commentaire. Quotidien est un mot qui peut avoir plus d'un sens. Je te laisse le soin de deviner ce que je voulais dire. Comment ils disent, déjà, «esprit malveillant»? ;)
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4 novembre 2008

Plage et farniente

J'avais en tête de visiter le musée d'art de Tel-Aviv, de me rendre à Jaffa, de faire un maximum de trucs touristiques. Mais je me suis rendue à la plage le matin, et j'y suis restée jusqu'à ce que mon estomac réclame une nouvelle visite au temple du chocolat. (où j'ai dégusté un soufflé. Dans une assiette recouverte de sucre en poudre, que le vent a soufflé... sur moi) Étendue sur une chaise longue ou à marcher dans l'eau pendant que les enfants construisaient des châteaux de sable, j'ai revu mes priorités et décidé de profiter de vacances dans mes vacances. Vacances de gavage de ruines, d'Histoire, de lieux à visiter juste parce qu'il le faut. Mais vacances aussi du boulot, puisque je dois «travailler» demain et jeudi. Pour ce faire, je devrai retourner à Tel-Aviv, alors que je suis maintenant de retour... à Jérusalem. J'avais déjà payé ma chambre d'hotel et laissé une partie de mes bagages (mon activité favorite en vacances: éparpiller mes bagages dans les hôtels, me forçant toujours à revenir sur mes pas...) Je retourne donc très tôt à Tel-Aviv demain, puisque c'est là qu'habite le journaliste avec qui je dois travailler. J'en profiterai pour passer deux autres nuits dans la ville. Il y fait plus chaud qu'à Jérusalem! Je suis un peu déçue, je ne saurai les résultats des élections américaines que demain! Les gens en parlent beaucoup ici. Mais je ne sais pas ce qu'ils en disent (McCain et Obama étant les deux seuls mots que je comprends dans la conversation). Mon hébreu ne s'améliore pas beaucoup. Je sais comment dire: Bonjour, s'il vous plaît, merci, oui, non, pardon, maison, rue, 4, 40 et 20 (pas parce que ce sont des prix fréquents, mais plutôt parce que c'est sensiblement la même chose qu'en arabe).
2 novembre 2008

Tel-Aviv

Je suis arrivée à Tel-Aviv ce midi (c’est à une heure de bus de Jérusalem). J’étais moi aussi en pèlerinage. Il semble que la religiosité excessive qui plane tout autour de moi m’ait atteinte.

Je suis donc partie en mission vers ma mecque, mon lieu de dévotion, de voyage intérieur, de prières silencieuses et d’humilité devant l’immensité : un bar à chocolat.

Je suis partie sans adresse exacte, persuadée que l’odeur du cacao guiderait mes pas comme une étoile son berger. Effectivement. Arrivée près du restaurant de Max Brenner, j’ai levé les yeux vers le ciel. Il y avait une petite musique dans ma tête comme celle qui accompagne une révélation dans les films américains.

Jusqu’à ce que quelqu’un crie et me ramène sur Terre.

Je devrais vraiment apprendre comment dire : «attention où tu mets les pieds» en hébreu. C’est une phrase qui me serait très utile puisqu’on doit sûrement me la répéter plusieurs fois par jour.

J’avais les deux pieds dans la vitre!

Le bar à chocolat est situé au rez-de-chaussée d’un immeuble duquel des morceaux de verre tombaient. Ah bon.

Arrivée dans le restaurant, j’ai voulu passer par le dessert sur-le-champ, sans passer go et sans réclamer 200$. Mais c’était écrit : avant le chocolat, le repas. Ok. C’est quoi la soupe?

La serveuse m’a répondu : vous voulez seulement une soupe? Rien d’autre?

Ben… Je vais prendre du dessert après, je vous le jure!!

Le vent soufflait fort dehors et des morceaux de vitres ont continué à tomber, comme des grêlons. Des travailleurs de la ville sont arrivés, ont installé un périmètre de sécurité. Je n’ai jamais mangé une soupe aussi rapidement! J’avais si peur qu’on m’évacue avant que je n’aie le temps de me délecter du plaisir divin…

C’est plutôt le contraire qui est arrivé. On s’est tous retrouvés barricadés dans le bar à chocolat pour un moment. Pouvez-vous imaginer meilleure situation?

J’ai choisi le «chocolate mess» pour une personne, un dessert parfait. Pourquoi parfait?

Premièrement, la présentation. Dans un bol blanc et oval, plus haut sur les côtés, profond au centre. Des coulis de chocolat en zigzag symétriques. Une crème fouettée parsemée de petits bonbons multicolores. À côté du bol, une fiole de chocolat chaud, à verser sur le dessert («Just splash it all over and enjoy», a dit la serveuse) et un bol de pépites de chocolat croustillantes, à saupoudrer au goût. Un plaisir pour les yeux.

Ensuite, la texture.

La cuillère entre d’abord en contact avec une crème fouettée aérienne, plonge avec un peu plus de difficulté dans la crème glacée à la vanille, transperce les bananes pour atteindre le gâteau au chocolat. La chaleur du gâteau se mêle à la glace, la sauce au chocolat éveille la crème fouettée et chatouille les bananes. Sous la dent, un pur délice de croquant (les pépites), de fondant (la crème glacée et fouettée) et de moelleux (le gâteau).

Quant au goût, ah!, le goût, ma langue manque de mots pour traduire ce que mes papilles essaient de lui dire. Transcendant, vraiment.

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Je suis ensuite retournée vers l’hôtel, en prenant un chemin différent. J’avais envie de me perdre. Je planais encore de ma rencontre avec le chocolat. J’essayais en vain de cacher mon excitation, d’éteindre cette lumière enfantine dans mes yeux quand j’ai demandé au personnel : je peux prendre une photo, s’il vous plaît?

J’ai donc marché dans ce territoire vierge à mes yeux, où le nom des rues n’évoque aucun souvenir, où chaque boutique, chaque café, chaque restaurant sont inconnus, où les intersections sont autant de promesses de nouveautés.

Il est bien difficile, cependant, de perdre le nord dans une ville bordée à l’ouest par la Méditerranée. Le bleu des vagues aperçu au loin révèle instantanément l’orientation des rues.

J’ai donc retrouvé mon hôtel rapidement et sans demander mon chemin. Dommage! Quel plaisir ç’aurait été que de se perdre sous ce soleil magnifique.

Par ailleurs, les noms des rues sont toujours en trois langues. Hébreu, arabe, anglais. Mais les noms ne correspondent pas toujours selon la langue (mais je ne lis pas l’hébreu, alors, je ne sais pas si je dois me fier à l’arabe ou à l’anglais).

Je suis ensuite allée me balader sur la plage, à regarder le soleil se mettre au lit. Mes pieds avaient le souvenir de la neige folle en s’enfonçant dans le sable blanc, mais mon visage embrassait le soleil rougissant, essayant de retenir un peu de sa chaleur avant le grand retour.

Tirés par des cerfs-volants, des gens faisaient du surf. Une bonne journée, avec tout ce vent.

Tel-Aviv me semble une très belle ville. Une ambiance méditerranéenne, très surfeur, avec des gens flânant à la plage, dans les nombreux cafés ou dans les bars. Une ville relax, cool, détendue. Loin de l’image que certains s’en font, j’en suis sûre!

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Je reviens dans une semaine. Je quitte Israël dimanche, pour regagner Amman, en Jordanie. Lundi, je vais en profiter pour visiter cette ville, que j’ai à peine vue. Vers 22-23h, je vais me rendre à l’aéroport (mon vol part à 1h am). J’arriverai près de 24 heures plus tard, une escale de 7 heures me clouant à l’aéroport de Paris, sans pouvoir en sortir. J’ai essayé de faire changer mon vol, mais c’est impossible, semble-t-il. Disons que j’appréhende la fin de mon voyage. Pour cette raison, mais aussi pour le froid et le retour au quotidien, au connu, à l’habituel.

1 novembre 2008

La Sainte

Impossible d'oublier que Jérusalem est une ville sainte pour les trois grandes religions monothéistes.

Hier, c'était le shabbat à compter de 16h22. Je me suis rendue au mur des lamentations un peu avant. Les gens sont émotifs, posent leur front sur la pierre, glissent des bouts de papier dans les fentes... J'ai continué à marcher. Je suis tombée sur une église, mais comme j'avais perdu mon plan (et mon sens de l'orientation), je ne savais pas avant de rentrer qu'il s'agissait d'une église bâtie sur l'endroit où Jésus aurait été crucifié. C'est immense. J'ai vu des gens pleurer. D'autres tâter la pierre, embrasser des icones. Il y avait des religieux qui chantaient. Je crois qu'ils font ça chaque vendredi. Ils descendent la Via Dolorosa et refont le chemin de croix de Jésus. Tous ces gens en transe, ces chants religieux, l'encens, la foule, je n'en pouvais plus, je suis sortie. Allah akbar, le muezzin avait commencé à lancer son appel à la prière à la mosquée voisine. Il était 16h48. Et le vendredi est aussi le jour saint chez les musulmans.

Je voulais visiter les mosquées, mais c'est interdit aux non-musulmans (ici seulement, parce que je n'ai jamais eu ce problème avant...) Mais je suis sûre que, là aussi, il y a des gens qui pleurent et qui implorent. Tout est d'une intensité religieuse multipliée par 100. Les touristes chrétiens marchent en groupe en chantant leur amour de Jésus, c'est fou.

Je suis allée aujourd'hui au mont des oliviers (pour prendre des photos du Dôme du Rocher, surtout) et dans les églises autour. J'ai acheté quelques souvenirs bien marchandés au souq de la vieille ville.

Je ne sais pas pourquoi, mais je pensais vraiment que la ville était divisée en deux, les arabes musulmans d'un côté, les juifs de l'autre. Mais ce n'est pas tout à fait le cas. Ce sont les arabes musulmans qui travaillent dans le souq (parce que c'est un travail moins qualifié?) et qui vendent les aimants "I love Israel", les porte-clefs "shalom jerusalem" et les t-shirts avec mon slogan préféré: Don't worry, be Jewish.

30 octobre 2008

Traversée

J'ai de la difficulté à dire la vérité à la douane. Peut-être parce que vérité égale pour moi nuances et explications, alors que la douane commande une réponse catégorique.

J'ai quitté Petra, dans le sud de la Jordanie, à 6h30 ce matin pour Israel. Je savais déjà que la journée serait longue. J'ai mis 8 heures pour traverser Petra jusqu'à Amman, Amman jusqu'à la douane jordanienne, la douane jordanienne (incluant le temps que l'autobus se remplisse) à la douane Israélienne, la douane israélienne jusqu'à Jérusalem. (Mais j'ai gagné une heure. Je l'avais perdue en arrivant en Jordanie, où, contrairement au Liban, l'heure ne change que la semaine prochaine. Mais je l'ai regagnée en arrivant ici).

Premièrement, les visas sur mon passeport. Quand le premier douanier a vu les estampes syriennes (j'ai passé 2 fois par la Syrie), il a regardé mon passeport, m'a regardée, a regardé mon passeport, m'a regardée (pendant que je retenais un fou rire). A appelé quelqu'un. Finalement, il m'a laissé aller récupérer mon sac à dos. Mais la douanière était occupée à le passer au moins 5 fois dans la machine. Passe le sac. Recule le tapis roulant. Scrute l'écran. Tourne le sac. Recule le tapis roulant. Scrute l'écran. Elle a fini par me demander d'ouvrir le compartiment secret de mon sac (statégiquement placé pour protéger un appareil photo). Je l'ouvre. Je sors l'appareil. Elle met l'appareil sur le tapis roulant. Recule. Scrute. Pendant que son collègue (celui du début) vient à la rescousse, l'air de trouver plutôt suspect ma petit pompe pour dégager le sable de la lentille et mon nettoyeur en forme de crayon.

On me fait ensuite passer dans une machine à air, je n'ai pas trop compris c'était quoi...

Je passe de l'autre côté. Une autre douanière me questionne. Qu'avez-vous fait en Syrie? Au Liban? En Jordanie? Où allez-vous? Pourquoi? Allez-vous dans les Territoires palestiniens? Où?

Je reste totalement évasive et dans la demi-vérité, me contentant de dire que je ne sais pas où je vais, où je loge et que je ne connais personne. Je lui demande de ne pas estamper mon passeport. Une demande qui ne semble pas l'enchanter. " je vais demander..."

Une autre douanière vient me trouver au bout d'un moment dans la salle d'attente. Viens, on va discuter un peu. Elle m'emmène plus loin et me bombarde de questions. Auquel je ne réponds pas très clairement. Elle note tout. Je pense qu'elle sait que je ne lui dis pas toute la vérité. Mais je n'ai pas envie d'entrer dans les détails avec elle, j'ai peur qu'elle ne comprenne pas.

Au bout d'une longue attente, l'autre douanière revient. Tu peux passer. Et je n'ai pas estampé ton passeport. Fiou! (s'ils avaient estampé mon passeport, je n'aurais pas pu retourner dans un pays arabe autre que l'Egypte et la Jordanie avec mon passeport (neuf). J'aurais dû en refaire un autre).

Je prends le bus vers Jérusalem. La ville est magnifique. J'arrive par le côté arabe, en terrain connu. Je parle arabe avec les chauffeurs de taxi, çe me rassure. J'ai mangé dans un restaurant arménien de la vieille ville, Charles Aznavour accompagnant de sa mélodie chacune de mes bouchées d'une viande épicée roulée dans une feuille de vigne...

C'est bizarre d'entendre parler les gens en hébreu. J'essaie de comprendre, mais je ne connais pas du tout la langue, ce qui est vraiment déstabilisant. Je me rends compte que je n'ai voyagé que dans des pays anglophones, francophones ou arabophones...

Plus tard, je rejoins une Israélienne (Américaine qui a étudié à McGill) rencontrée sur l'internet pour un café. Elle est sympa. Son chat, Michelle, m'a tout de suite adoptée.

On a marché une trentaine de minutes pour se rendre au bar où elle travaille, ce qui m'a permis de voir la ville. J'ai pris un dessert et une bière au bar à l'ambiance plutôt lounge, avec ses murs rouges, son éclairage tamisé et sa musique espagnole.

JORDANIE A LA DURE

Je ne sais pas si on peut juger un pays en 2-3 jours. Mais la Jordanie n'est pas mon endroit préféré. Il faut dire que je l'ai fait à la dure, logeant dans des hôtels tellement minables et à la propreté si douteuse que je ne m'y suis pas lavée (pas d'eau chaude de toute façon et il faisait environ 10 degrés dans la chambre. Fou comme l'hiver est venu d'un coup) et j'y ai très mal dormi (rêvant (?) toujours que quelque chose me grimpait sur la jambe).

Quant aux paysages, ils sont à couper le souffle. Petra, avec ses pierres roses, est magnifique. Mais je n'y vois que des pierres. J'ai de la difficulté à être émue par des vestiges des temps passés (que l'on étaye avec des hypothèses). Je préfère le ciel, la mer, la montagne, les gens, les ânes (j'ai passé ma journée à les prendre en photo), le vivant, quoi.

Une satisfaction personnelle, malgré tout: celle d'avoir gravi les 700 marches (et pas les moindres!) jusqu'au monastère, malgré la souffrance, l'épuisement et l'envie de renoncer. Une petite victoire. Récompensée non pas par la vue magnifique, le thé ou même la palette de chocolat mangée là-haut. Récompensée par le seul sentiment d'avoir réussi. D'avoir vaincu.

26 octobre 2008

Dernier post du Liban (avant d'y retourner un jour)

Je me suis réveillée ce matin dans une ville fantôme. Je me levée très tôt pour finir tout ce que je devais faire aujourd’hui (je pars demain pour la Jordanie). Mais tout était fermé. Tous les cafés, tous les magasins, tout. Il n’y avait même plus de voitures dans les rues. Je suis retournée à mon hôtel. Qu’est-ce qui se passe? « C’est dimanche.» Et alors? À quelle heure est-ce que les commerces ouvrent? « C’est dimanche. Alors, 10, 11, 12 h, ou pas du tout, ça dépend… Tout le monde dort.» Je me suis promenée sur la corniche et j’ai vu que tous les Beyrouthins restés en ville ce week-end étaient sur le bord de l’eau. J’ai marché jusqu’au centre-ville, dans l’espoir d’acheter quelques souvenirs. J’ai demandé au soldat qui fouillait mon sac si les magasins et restaurants étaient ouverts. Il m’a regardé d’un drôle d’air. «C’est dimanche. Qu’est-ce que vous faites ici?» D’accord, j’ai compris. J’ai pris un taxi pour revenir vers mon quartier. J’ai demandé au chauffeur : où sont tous les gens? «C’est dimanche. Ils dorment parce qu’ils ont fait la fête toute la nuit…» J’ai trouvé une autre explication lorsque j’ai voulu prendre un café dans «mon» café, vers 12h40. «On ouvre seulement à 12h» a dit la serveuse. Ah bon? « On a changé l’heure cette nuit au Liban...» Quelqu’un aurait tout de même pu me le dire! --- Pour poursuivre avec la chronique alimentaire, je me suis posée hier soir dans un petit bistro français. Filet mignon et vin rouge (de la vallée de la Bekaa), ambiance oblige. Fait particulier : le menu était parsemé de citations d’auteurs, de philosophes, de poètes. Si bien que le serveur est venu me demander si j’avais (finalement) fait mon choix au bout d’une dizaine de minutes. Le menu à l’envers, la tête penchée (une mise en page particulièrement dynamique), je lui ai répondu que j’étais trop occupée à lire le menu pour faire un choix… --- Vendredi soir, j’ai eu droit à un souper aux pâtes chez un ami. Une de ses copines lui a parlé d’un récent voyage en Italie et des (supposées) meilleures pâtes du monde. Il en a pris ombrage (il adore cuisiner) et a invité une quinzaine d’amis à venir goûter à SES pâtes. C’était très sympathique. Mais je ne suis pas restée très tard (ok, 00h30, ici, les soupers commencent rarement avant 22-23h), parce que je partais pour le nord le lendemain. Le chauffeur est venu me chercher à 8h. Pile à l’heure. On s’est ensuite rendu chez la journaliste libanaise qui m’a accompagnée. Évidemment, il n’avait pas son adresse (à quoi sert une adresse en voiture?). Alors, il a fait comme tout le monde ici, il a arrêté plusieurs personnes en chemin pour leur demander (ce qui a pour conséquence d’arrêter la circulation et de susciter une symphonie de klaxons). Et comme tout le monde ici, elle ne lui avait pas donné un nom de rue, mais seulement une indication : où il y a la pharmacie. Arrivé à la pharmacie, il est sorti de la voiture et s’est mis à crier son nom jusqu’à ce qu’elle sorte de son appartement... Un drôle de type, vraiment. Je suis passée par Tripoli sans vraiment m’arrêter, je me suis rendue dans un camp palestinien à dix minutes du centre-ville. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet ici. Mais disons seulement que j’avais l’impression d’être de retour dans un quartier illégal du Caire… Et que si j’avais accepté toutes les tasses de café turc qu’on m’a proposées, mon cœur ferait des triolets. En fait, je les acceptais et je les buvais jusqu’à ce que la journaliste me dise d’arrêter de les boire à cause de l’hygiène douteuse et de l’eau… ---- Qu’est-ce que je pourrais ajouter sur Beyrouth-l’enchanteresse? Que c’est une ville un peu chaotique. La conduite (automobile, piétonne…) est particulière. Ainsi, un sens unique est une indication, mais non une obligation (du moins, c’est l’interprétation des Libanais). On ne va quand même pas faire le tour du bloc juste pour respecter le sens unique, non? C’est particulièrement vrai pour les mobylettes, pour qui aucun règlement n’existe (je ne vous dis pas le nombre de fois où une mobylette a passé à un cheveu de me renverser). Reculer fait aussi partie des options, même au beau milieu d’une autoroute (je vous le jure, j’étais dans la voiture! Mais on n’allait quand même pas rouler jusqu’à l’autre sortie pour rien, non?) Boucler sa ceinture est presque inusité (là-dessus, je suis partagée : je connais les règles de sécurité, mais je veux aussi profiter de cette liberté délinquante… Mais je sais que c’est mal.) Le message du «don’t drink and drive» n’est pas encore arrivé ici non plus (dixit un ami : c’est plus sécuritaire de conduire à Beyrouth la nuit après avoir bu que le jour sobre. Ce qui n'est quand même pas une bonne raison). Voilà. J’ai beaucoup aimé mon séjour au Liban. Au point où je suis déjà à réfléchir à la date de mon retour Je n’ai même pas eu le temps d’aller voir les ruines de Baalbeck ou le port de Byblos! Ça me déçoit un peu, mais c’était le prix à payer pour pouvoir travailler un peu. Je vais m’ennuyer de la rue Hamra, de mon café (je bois trop de café), des Libanais, du fait qu'ils ont toujours un cousin/soeur/frère/oncle/père/mère/meilleur ami à Montréal, des gens qui parlent en trilingue (Bonjour, may I help you, yani, yallah, khalass, sit down s'il vous plaît, Madame ), de la Place de l’Étoile, de la rue Gouraud (que personne n’appelle comme ça) et de ses bars et restaurants (Louise, je suis allée sur Monot, mais Gouraud est plus comme Saint-Laurent, je trouve), des serveurs empressés, du dynamisme de la ville, de la mer, de la montagne, du son des klaxons et des grues, de mon chat fantôme… Li Beyrouth, min qalbi salamoun, li Beyrouth... Un salut de mon coeur pour Beyrouth, pour reprendre les paroles de la chanson de Fayrouz.
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